Les évolutions du travail touchent l’ensemble de la chaîne de valeur de l’entreprise et passent, par conséquent, par la transformation de l’écosystème fournisseurs et prestataires. Quel(s) business-model(s) et quels modes de contractualisation structurants pour demain ?

La crise de la COVID a tout chamboulé : la vie des hommes autant que celle des entreprises. Mouvance des organisations, annulation de commandes et/ou d’événements, fermeture d’établissements… Les conséquences de la propagation du virus sont multiples, outre les répercussions économiques et financières, elles touchent l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise (clients, fournisseurs, partenaires, prestataires, etc.).

Les premières mesures de contrôle des coûts ont amené autour de la table de nombreuses directions des achats ainsi que leurs fournisseurs pour trouver les meilleurs compromis et mettre en place les mesures de sauvegarde si nécessaire. Ces premières discussions s’inscrivaient dans un temps court.

A la faveur de la crise que nous traversons, beaucoup d’entreprises et des millions de travailleurs ont fait la découverte quasi improvisée du télétravail, favorisé par la multitude d’outils numériques et de communication dont nous disposons désormais. Néanmoins le respect des règles sanitaires avec le maintien des distanciations sociales nécessite la transformation des lieux de travail et de leur usage. De nombreux fournisseurs participent aujourd’hui à cette chaîne de valeur (restauration d’entreprise, conciergerie, immobilier, réseaux, entretien etc…). Repenser le travail se fait impérativement avec l’ensemble des acteurs historiques qui doivent, eux aussi, rénover leur proposition de services sous peine de voir leurs clients se tourner vers de nouveaux acteurs plus agiles et créatifs.

Repenser l’organisation du travail

Avec le retour au bureau, les entreprises repensent en profondeur l’organisation du travail avec de nouvelles donnes qui allient à la fois le home office, des espaces plus cloisonnés pour assurer une distance minimale entre les postes de travail et l’utilisation de tiers lieux (espaces de coworking) avec des impacts visibles à court terme (rotation des équipes, aménagement des bureaux) et d’autres à plus long terme et structurants (solution sans contact, flexibilité des espaces, etc.). De nouveaux besoins d’outils, souvent digitaux, deviennent incontournables pour permettre cette nouvelle normalité.

Alors que le marché de l’immobilier d’entreprise n’était déjà pas au mieux de sa forme (flex-office généralisé ou zéro-bureau), des espaces moins consommateurs de mètres carrés réduisant ainsi les coûts fixes de l’entreprise vont devenir la tendance. Quoi qu’il en soit, les projets de réaménagement des espaces de bureaux, d’optimisation des surfaces et de réorganisation des flux sont d’ors et déjà à l’agenda de plus d’une direction immobilière, des achats ou de services généraux.

Reconsidérer l’organisation des espaces de restauration d’entreprise

Au même titre que les environnements de travail vont être amenés à évoluer ; c’est un fait désormais quasi établi ; les espaces de restauration d’entreprise leur emboîtent le pas. S’agissant des activités de restauration collective, l’évolution des modes de travail déjà amorcée depuis quelques années (accroissement du nomadisme, espaces multifonctionnels, etc.), l’offre des restaurants d’entreprise a commencé à se transformer en laissant la place à des solutions complémentaires voire alternatives au self classique.

Néanmoins, la forte diminution des effectifs, corollaire des nouveaux modes de travail, à restaurer transforme radicalement les modèles économiques qui régissent le fonctionnement quotidien des restaurants d’entreprise : Quels modes d’approvisionnement pour de faibles volumes ? Quelle visibilité sur la variabilité de la fréquentation ? Quelle rentabilité pour cette filière ?

Le rôle du service Achats

A travers ces deux exemples d’impacts de la crise sanitaire sur l’écosystème de l’entreprise, les trinômes achats, RH et Services généraux doivent d’ores et déjà s’interroger sur l’évolution du lien contractuel « ancien » avec  leurs prestataires. La transformation ne peut s’envisager qu’avec l’ensemble de l’écosystème sous peine de se retrouver pieds et poings liés avec des contrats qui n’avaient pas anticipé ces changements radicaux.

Aujourd’hui, alors que l’incertitude persiste, les directions des achats doivent se donner de la visibilité sur les répercussions de cette situation sur leurs obligations contractuelles vis-à-vis de leurs fournisseurs. En effet, nombreux sont les professionnels qui s’interrogent sur la poursuite de leurs contrats en cours et sur les conséquences des obligations contractuelles qui ne peuvent partiellement ou plus être honorées.

Dans ce contexte, les entreprises et, en particulier, les directions achats doivent disposer et combiner une vue d’ensemble de leurs contrats : clients, fournisseurs, entrepreneurs, assureurs et employés pour ne nommer que ces quelques exemples, afin d’évaluer les risques et de prendre des décisions éclairées.

En effet, malgré les impacts très variables qu’a la crise sur les différents secteurs d’activité, la fonction achats se révèle un acteur clé pour surmonter les difficultés à travers la connaissance de ses fournisseurs. Cette période reste une opportunité à saisir pour repenser la stratégie achats (de quoi ai-je réellement besoin maintenant, quel impact sur mon modèle de relation fournisseurs, vont-ils survivre, comment accompagner leur transformation…) mais aussi pour la rendre plus responsable et s’engager dans une démarche solidaire vis-à-vis des fournisseurs et partenaires.

L’importance de la RSE

Les entreprises ayant fait le choix de s’engager en amont dans une politique responsable ont pu s’adapter et gérer plus facilement cette situation inédite. Aujourd’hui, l’entreprise dispose d’un champ d’opportunités très large soutenu par la transformation digitale et par des approches plus agiles pour développer ou renforcer son caractère résilient, soutenable et responsable et, par conséquent, refonder une partie de ses modes de fonctionnement et créer de nouvelles formes de coopération avec ses partenaires et fournisseurs afin de manœuvrer rapidement : « relocalisation », « circuits courts », « économie circulaire », etc.

Cette crise met, par ailleurs, en exergue la nécessaire valorisation des risques environnementaux et sociétaux, auparavant minimisés, en raison de la prise de conscience de la fragilité des structures face aux aléas imprévus et l’importance d’instaurer des politiques « achats responsables » comme des outils de prévention pour la gestion des risques, en période de crise ou non.

Argon & Co accompagne ses clients à évaluer les enjeux associés à la généralisation des nouvelles pratiques de travail et le plan de transformation associé et dans le développement de leur stratégie d’achats éco-responsables, dans toutes ses composantes.

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Auteurs

Aldric Vignon

Partner

products.france@argonandco.com

Safia Matouk

Associate Partner

hr.france@argonandco.com

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