L’amélioration du pilotage de la performance, l’accélération de la transformation digitale et la question du BPO sont autant d’opportunités de transformation sur lesquelles les dirigeants doivent se positionner et pour lesquelles cet article tente d’apporter un éclairage.
Les Shared Services sont un levier majeur de performance de l’entreprise. Au-delà des opportunités d’efficacité et de renforcement de l’expertise offertes par ces modèles d’organisation, ils rendent l’entreprise plus agile par exemple, en accélérant l’intégration d’acquisitions, ou en ajustant rapidement l’organisation en période de bas de cycle.
L’enjeu est d’aller un cran plus loin en se posant la question de la stratégie des Shared Services et en les transformant.
Le modèle Shared Services est devenu un standard dans les fonctions support et il se développe dans les opérations. Il consiste à regrouper des moyens et ressources dans une organisation ayant vocation à fournir un service plus performant et une meilleure expertise aux entités opérationnelles de l’entreprise. Les bénéfices sont nombreux : économies d’échelle, professionnalisation, agilité, industrialisation des processus, développement d’expertise. Il permet surtout au management de proximité de se focaliser sur les opérations et les clients. Le modèle se démultiplie sur l’ensemble des fonctions support (ex. Finance, RH, Achats, IT, Support Client) et certains processus métier (ex. Logistique, Ingénierie). Il se répand dans les pays et les Business Units, avec des variantes fortes : Shared Services locaux, régionaux et mondiaux, gouvernance par fonction ou transverses, recours à l’externalisation. Les entreprises qui n’ont pas encore de Shared Services se demandent comment rattraper leur retard. Celles où le modèle a été déployé se demandent comment aller un cran plus loin pour être plus performantes. Quel que soit le niveau de maturité de l’entreprise, ses dirigeants sont amenés à se poser les questions stratégiques suivantes :
Les choix de modèles Shared Services varient dans leur forme : centres transactionnels versus centres d’expertise, modèle distribué géographiquement versus modèle régional ou global, centres captifs versus BPO. Certaines entreprises font le choix de combiner des centres captifs et l’externalisation de certaines activités ; on parle alors de modèle hybride. Il en va de même des choix de périmètre fonctionnel et des options de localisation des centres, ainsi que des scénarios possibles de mise en oeuvre. Il est donc impératif de bâtir une stratégie en lien avec les enjeux et risques du projet.
« La maîtrise des aspects RH est le principal enjeu pour la mise en oeuvre d’un CSP »
L’élaboration de la stratégie et de la roadmap passe par trois étapes :
Notre expérience des projets Shared Services nous amène à identifier cinq facteurs clés de succès pour réussir la mise en oeuvre. La phase de mise en oeuvre est plus ou moins longue selon le nombre de sites à migrer. Elle se décompose en une étape de préparation et de consultation, une étape de transition durant laquelle les activités sont transférées aux Shared Services et une étape de stabilisation. Le programme de mise en oeuvre est généralement structuré autour de huit chantiers majeurs qui ont de fortes dépendances.
Bien géré, un Shared Services rend l’organisation plus efficace : le service rendu s’améliore et le coût diminue. Mais il convient d’avoir mis en place les bons mécanismes de gouvernance, de pilotage et de pricing avec les entités « clientes ». A titre d’exemples, voici quelques écueils à éviter :
Les dirigeants de Shared Services n’ont jamais cessé d’automatiser les processus qu’ils gèrent, par exemple en optimisant les ERP, en mettant en place des workflows, ou en déployant des solutions de dématérialisation. Les écarts de productivité se creusent entre les Shared Services qui adoptent les nouvelles technologies et les autres ; on constate des facteurs de deux à six selon les processus. Par ailleurs, les entreprises qui n’ont pas de Shared Services sont beaucoup moins bien armées pour déployer ces nouvelles technologies.
On observe une accélération de la transformation digitale liée à plusieurs facteurs
Tout d’abord, le cadre légal qui régit les échanges électroniques, notamment des factures, devient plus favorable. A titre d’exemple, l’Etat dans la loi de simplification de 2014 va obliger ses fournisseurs à dématérialiser leurs factures sans obligation de signature électronique. Ensuite, l’enrichissement des offres Cloud et SaaS réduit l’investissement technologique initial. Notamment, les Shared Services qui utilisent plusieurs ERP peuvent implémenter des solutions agiles et agnostiques des ERP pour optimiser leurs processus, comme trintech, blackline, concernant les activités de réconciliation et de clôture comptables. Enfin, les nouveaux canaux digitaux et self-service se multiplient comme les portails clients, fournisseurs et employés.
A terme, la transformation digitale va entrainer une mutation profonde des Shared Services. Par exemple, via la robotisation, la part des activités très transactionnelles comme les saisies va significativement baisser. Les rôles d’analyste de données qui contrôlent les flux de données, gèrent les Master Data, ainsi que les anomalies et les exceptions vont croître. Le télétravail va davantage se développer. Enfin les Shared Services vont s’étendre sur de nouvelles activités, qu’il s’agisse de la gestion des canaux digitaux (e-Commerce) ou les services Analytics.
Les dirigeants doivent donc se poser les questions clés
Quel est le niveau de maturité digitale des Shared Services et quel est le gap ? Quels enjeux d’efficacité et de qualité ? Quels choix technologiques ? Quelle roadmap de transformation digitale ?
L’externalisation de services appelée BPO (Business Process Outsourcing) est née au début des années 2000. Aujourd’hui le marché BPO est mondial, concurrentiel et mature, présentant des offres compétitives. Le marché BPO comporte de nombreux prestataires de rang 1, qui présentent une couverture fonctionnelle large et des services à valeur ajoutée, ainsi qu’une capacité de transformation. Certains acteurs disposent d’un réseau mondial de centres onshore, nearshore et offshore dont ils font bénéficier leurs clients. La question n’est pas de choisir entre le BPO et les Shared Services (centres captifs), mais de trouver le bon modèle Shared Services faisant effet de levier sur le BPO, on parle de modèle hybride. En fait, la plupart des entreprises qui ont mis en place le BPO l’ont intégré à leur modèle Shared Services. Les dirigeants qui s’interrogent sur le BPO doivent répondre aux questions suivantes : L’entreprise a-telle le bon niveau de maturité pour envisager le BPO ? Quel scope BPO (périmètre fonctionnel, géographique, BU) ? Quel modèle cible (nombre et localisation des centres BPO, gouvernance) ? Quels impacts, notamment social, et comment les gérer ? Quel business case et quelle roadmap ? Quel prestataire BPO choisir ? Et comment structurer le contrat ?
« L’optimisation grâce à un modèle hybride CSP interne et BPO externe »