La consommation responsable constitue une tendance durable. Face à des clients de mieux en mieux informés, les entreprises doivent apporter des réponses factuelles, complètes et chiffrées – et donc aller au-delà du périmètre aujourd’hui couvert par la plupart des rapports RSE. Nous vous présentons ici une démarche permettant d’atteindre cet objectif, illustrée par une étude réalisée par Argon & Co pour une grande marque de luxe : mesure de l’impact complet généré sur la chaîne de valeur (depuis les matières premières jusqu’à la distribution aux clients), en allant au-delà du CO2, afin d’identifier les meilleurs leviers de réduction, puis lancement d’un plan de transformation des Opérations (écoconception, sourcing de fournisseurs responsables et locaux, techniques de production à faible impact, écodistribution…).
La consommation responsable est en plein boom. Ainsi, en 2019, selon une étude de Greenflex, 74% des Européens affirment avoir déjà modifié leurs habitudes de consommation pour limiter leur empreinte environnementale. Dans le même temps, 25% des Français considèrent que les entreprises ne donnent pas assez d’information sur les conditions de fabrication des produits.
Démontrer à ses clients que ses produits et ses opérations ont une empreinte environnementale réduite doit donc désormais être une priorité pour toute entreprise.
Pour autant, à la question triviale « Quel est l’impact de mes produits sur l’environnement ? »… peu d’entreprises sont capables de répondre !
Il faut dire que le périmètre des analyses quantitatives des rapports RSE est généralement très limité, d’abord puisque seules les émissions directement générées par l’entreprise sont chiffrées (dites de scope 1 et 2 selon le GHG protocol). Celles-ci recouvrent généralement les émissions générées en central (bureaux, transport), et une fraction seulement des émissions induites par la production (des matières premières aux produits finis) et la distribution. Pourtant, pour de nombreuses entreprises opérant dans des secteurs tels que le luxe, les télécommunications, le retail, l’automobile… ces émissions dites de scope 1 et 2 sont marginales. Ainsi à titre d’exemple, une analyse réalisée pour une grande marque de luxe par Argon & Co a montré que les émissions CO2 reportées représentaient moins de 20% du total des émissions induites par les produits !
Les analyses des rapports RSE sont aussi très souvent limitées sur les vecteurs d’impact, puisque seules les émissions CO2 y sont incluses (laissant de côté la consommation d’eau, les émissions de déchets, la pollution de l’air et de l’eau, la pression sur les sols…).
La première étape consiste à modéliser la chaîne de valeur des produits vendus par l’entreprise. Celle-ci se décompose généralement en trois grands maillons : la création des matières premières, la production des produits finis, puis leur distribution (voire leur utilisation et leur fin de vie). Ces trois grands maillons peuvent eux-mêmes être composés d’une ou plusieurs sous-étapes, selon la nature des produits.
Modélisation de la chaîne de valeur pour un article textile
Une fois la chaîne de valeur reconstituée, il convient de mesurer les impacts qui y sont générés, en fonction des facteurs d’émissions associés à chaque couple (processus/produit).
Les résultats permettent ensuite d’identifier les principaux gisements de performance. A titre d’exemple, chez une grande marque de luxe, il a été notamment montré que :
Analyse d’impacts
Sur la base de ces constats factuels et chiffrés, les leviers de réduction de l’empreinte environnementale les plus efficaces peuvent être identifiés. Ces leviers ont tous un point commun : ils visent à transformer les Opérations : développement produits (écoconception, y compris en intégrant l’empreinte générée par le produit lors de son utilisation et de sa fin de vie), achats (sourcing de fournisseurs responsables, locaux…), production (techniques de production plus vertueuse), distribution (modes de transport à faible empreinte carbone) …
Cycle de vie des Opérations et leviers associés
Dans la qualification et la priorisation de ces leviers, il est important de mettre en évidence les autres impacts induits (coût, stock, service) pour éclairer les arbitrages.
L’analyse réalisée chez un grand acteur du luxe a permis de mettre en exergue deux leviers majeurs, permettant de réduire à eux seuls de 35% l’impact CO2 : l’écoconception et la distribution plus responsable.
L’Analyse de Cycle de Vie (ACV) appliquée aux Opérations, holistique et chiffrée, constitue un socle solide pour le lancement d’un plan d’excellence environnemental, focalisé sur les sujets prioritaires, et permettant ainsi à l’entreprise de réduire significativement l’empreinte environnementale de ses produits et répondre ainsi de manière factuelle aux exigences des nouveaux consommateurs. Des entreprises comme L’Oréal ou Kering l’ont bien compris, et peuvent aujourd’hui se prévaloir de résultats très positifs. L’Oréal a, par exemple, réduit de 77% les émissions de CO2 de ses usines et centrales de distribution en valeur absolue depuis 2005).
Transformez vos Opérations pour les rendre plus responsables : c’est aussi une formidable occasion de fédérer et motiver vos collaborateurs, en donnant du sens à leur travail !